Fujisawa Shūhei, de son vrai nom Tomeji Kosuge, naît le 26 décembre 1927 à Tsuruoka, dans la préfecture de Yamagata. Fils d’agriculteurs, il se passionne très tôt pour l’écriture. Après avoir obtenu son diplôme de l’école normale de Yamagata en 1949, il devient professeur au lycée Yudagawa, où il enseigne le japonais et la sociologie. Adulé de ses élèves pour son allure sportive et son physique de jeune premier à la peau claire, il est promis à une brillante carrière, jusqu’à ce qu’on lui diagnostique la tuberculose en 1952.

Son hospitalisation dure cinq ans, durant lesquels il lit énormément et se familiarise avec la littérature étrangère, achevant les fondations de sa future vie d’écrivain. Lorsqu’il quitte l’hôpital en 1957, il ne parvient pas à retrouver un poste d’enseignant dans sa ville et devient journaliste d’industrie.

En 1959, il épouse Miura Etsuko, issue de sa ville natale et de huit ans sa cadette. Celle-ci décède en 1963 d’un cancer fulgurant quelques mois après avoir donné le jour à leur fille Nobuko, à seulement 28 ans. Profondément meurtri, Fujisawa Shūhei se lance alors dans l’écriture de nouvelles historiques, de manière compulsive, comme pour apaiser le vide qui s’est emparé de lui. Le décès de son épouse laisse une marque indélébile sur ces premières œuvres, publiées principalement dans le populaire Club Magazine, qui se caractérisent par leur atmosphère sombre et tragique. À partir de cette époque, il commence à utiliser le nom de plume « Fujisawa Shūhei ». « Fujisawa » est le nom de la localité où vivent les parents d’Etsuko à Tsuruoka. Quant au caractère « Shū », il est tiré du nom du neveu d’Etsuko.

Cinq années durant, il élève seul son enfant et s’occupe de sa mère âgée presque aveugle, tout en travaillant d’arrache-pied comme rédacteur en chef du journal Nippon Food Processing Newspaper. En 1969, il se remarie avec Takasawa Kazuko. Libéré des tâches ménagères qui l’épuisaient, il peut enfin se concentrer sur l’écriture durant le week-end.

En 1971, avec sa nouvelle Kurai umi (« La Mer de l’aube »), il remporte la 38e édition du concours des nouveaux talents. En 1973, il est lauréat du prix Naoki pour Ansatsu no nenrin (« L’Expérience de l’assassin »), ce qui fait de lui un nom reconnu dans le monde du roman historique. Sa dépression enfin surmontée, ses textes se font plus optimistes, parfois même teintés d’humour. En 1974, il quitte son poste de rédacteur en chef pour se consacrer entièrement au métier d’écrivain. Trois autres prestigieux prix littéraires suivront, dont le fameux prix Asahi en 1994.

À partir de 1996, la santé de Fujisawa Shūhei se détériore. Hospitalisé à deux reprises, il décède d’une insuffisance hépatique le 26 janvier 1997. Il nous laisse environ deux cent cinquante titres dont deux romans, des fictions historiques qui dépeignent les maux des gens ordinaires avec une grande humanité, en particulier des samouraïs qui luttent pour garder un sens à leur vie pendant cette longue période de paix qu’est l’époque Edo.

Jamais traduit en France, nous le connaissons uniquement par les films adaptés de ses œuvres, surtout ceux réalisés par Yamada Yōji : Le Samouraï du crépuscule (2002) ; La Servante et le samouraï (2004) ; Love and Honor (2006). Sur Arte, nous avons pu voir également le long métrage tiré du roman Semishigure, diffusé sous le titre Le Samouraï que j’aimais (2005). La nouvelle présentée ici, « Le sabre de bambou », est l’une des trois qui ont servi de base au scénario du film Le Samouraï du crépuscule.


Présentation par Sophie Bescond, novembre 2020
Crédit photo : © SHINCHOSHA