Impérial

« Je n’arrive pas à croire que cela fait déjà dix ans. » La voix du chauffeur de taxi réveilla soudainement Utako. Elle qui était si agitée tout à l’heure, dire qu’elle s’était assoupie. Elle vérifia l’heure sur l’iPhone qu’elle agrippait encore de sa main droite. Plus que dix minutes avant le début de la cérémonie à l’hôtel Impérial de Yūrakuchō.

L’Académie de ballet Sakata ou « Le Taiheiki cours par cours »

Cela fait déjà longtemps que je compte les années qui me restent à écrire. Mais je suis presque arrivée au bout de la précieuse soixantaine, sans avoir trouvé le temps de coucher sur le papier « ce que je voudrais laisser au monde ». Et je manque d'énergie. J'ai beau à présent me souhaiter longue vie pour le faire, cela change rien. J'ai donc décidé de m'y mettre, ne serait-ce qu'un peu, quand on m’en offre l'occasion, comme ici. Il s'agit de choses souvenirs de pratiques artistiques.

Faux miroir

Le sol était gris. En plastique sans doute, froid. Le ruban jaune indiquait la limite au-delà de laquelle il fallait se déchausser. Des sacs plastique empilés pour emporter ses chaussures. Pas de dénivellement à l’entrée – visiblement, le local n’avait pas été conçu pour l’habitation.

La sirène et les bougies rouges

Toutes les sirènes ne vivaient pas en mer du sud. Certaines résidaient en mer du nord. Les eaux du nord étaient bleues. Une nuit, sur un rocher, se reposait une sirène, observant le paysage autour d’elle.

Le masque

J’ai de l’embonpoint, ce qui fait que les gens ont tendance à me croire doué d’une santé robuste, mais je suis le premier à savoir qu’en dépit de l’impression que je donne, je suis de faible constitution.

Histoire de la découverte, lors d’un été…

Intriguée par une proéminence, la n°1 de la 2nde 1 s’approcha de la haie et découvrit une forme blanche, arrondie. Ce doit être dans ce genre de situation qu’on utilise le mot inopiné ! pensa-t-elle. De grosses gouttes tambourinaient sur son parapluie transparent. Un rythme que la jeune fille adorait. La pluie avait tant inondé la pelouse jonchée d’herbes folles qu’à chaque pas, l’eau émergeait comme d’une plaine marécageuse.
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Petit singe (2e partie)

Le lendemain – c’était un samedi – quand je me suis réveillé, ma femme et ma fille n’étaient pas là ; elles étaient peut-être déjà levées. J’ai regardé l’heure : il n’était pas encore huit heures. À cette heure, d’ordinaire, je suis déjà descendu du train et je me dirige vers mon bureau. Pas un bruit dans la maison.
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Petit singe (1re partie)

Ma femme m’a envoyé un message sur LINE pour me dire qu’elle avait vu un singe. Il y avait une photo en pièce jointe, avec les arbres du jardin et, dans le fond, l’arbre à kaki de la maison des voisins. C’était flou. On ne voyait pas de singe. J’ai d’abord répondu en demandant si tout allait bien.

Jardin des plantes martiennes

Dans le ciel gris, les nuages ressemblaient à la queue d’un poisson suspendu. La rumeur lointaine de la mer répercutait faiblement son écho. La brise marine humectait les herbes éparses sur la colline de terre rouge au sommet de laquelle se dressait la clinique.

Cours, Melos !

Melos vit rouge. Il décida de tout faire pour éliminer ce roi cruel et malfaisant. Melos ne comprenait rien à la politique. C’était un berger de village. Jouer du pipeau et batifoler avec les moutons, voilà de quoi sa vie était faite. Pourtant, il se montrait beaucoup plus sensible à l’injustice que la plupart des gens. Avant l’aube ce jour-là, il avait quitté le village pour se rendre, à travers plaines et montagnes, dans la ville de Syracuse, à dix lieues de distance. Melos n’avait ni père ni mère. Il n’avait pas de femme non plus.