Petit singe (1re partie)

Ma femme m’a envoyé un message sur LINE[1] pour me dire qu’elle avait vu un singe. Il y avait une photo en pièce jointe, avec les arbres du jardin et, dans le fond, l’arbre à kaki de la maison des voisins. C’était flou. On ne voyait pas de singe. J’ai d’abord répondu en demandant si tout allait bien. J’ai noté qu’elle avait lu mon message mais pas répondu. Bah, c’est que ça allait, alors. Un singe… Là où j’ai acheté la maison, ce n’est pas la ville mais ce n’est pas non plus en pleine campagne. À dix minutes de voiture, il y a le plus grand centre commercial du département, avec un Uniqlo, un Mujirushi, un Kaldi et un Starbucks. Sur le chemin, un café de la chaîne Komeda. Derrière notre maison c’est une colline mais la plus grande partie a été aménagée en terrains à bâtir. De proprets pavillons alignés, des pylônes électriques qui se dressent, rien qui donne l’image d’un endroit où il y aurait des singes. D’où a-t-il bien pu venir ? Peut-être ne s’agit-il pas d’un animal sauvage mais d’un animal domestique qui s’est enfui.

Quand je suis arrivé à la maison, ma femme est sortie pour m’accueillir. « Il y avait un singe ? — Oui, un singe, je n’y croyais pas. » Elle était en pyjama, avec des chaussons fourrés montants. Du séjour venait le son d’un dessin animé enregistré. Une actrice qui jouait le rôle d’une petite fille chantait d’une voix aigüe et pleine d’entrain. « Juste là, sur l’arbre des voisins. Il était en train de s’empiffrer de kakis. — Incroyable ! » J’ai gagné la salle de bain, où je me suis lavé les mains, gargarisé et débarbouillé. Puis j’ai nettoyé mes lunettes. « Quoi ? Tu laves encore tes lunettes avec du savon liquide ! a crié ma femme. Je n’arrête pas de te répéter qu’il ne faut pas. — Mais, ça va, je te dis. — Ça enlève le traitement de surface. Si tu me le demandais, je le ferais ! » L’oculiste a dû lui dire que ce n’était pas bien de laver les lunettes avec du savon liquide ou du gel douche, qu’il fallait utiliser un produit spécial. Évidemment, c’est juste pour obliger les gens à acheter leur produit ! En plus, si les lunettes sont sales, c’est parce qu’on a la peau grasse ou parce qu’on n’a pas les mains propres. Tout ça, ça vient de la peau. D’un point de vue logique et scientifique, c’est normal d’utiliser du savon liquide pour laver les lunettes. Même moi qui n’ai pas fait d’études scientifiques, je peux comprendre ça. Voilà longtemps que je lave les miennes avec du savon liquide sans jamais n’avoir eu de problème ni à me plaindre. En plus, le traitement, c’est quelque chose qui s’en va tout seul au fil du temps. Je suis allé dans le séjour et je me suis assis à la table. La télévision n’était pas allumée. La voix aigüe que j’avais entendue tout à l’heure n’était peut-être qu’une illusion. Ma fille, en pyjama, était assise par terre en train de dessiner quelque chose sur sa petite table. « Bonsoir, Su-chan. — Bonsoir. » Il y avait un tapis sous son derrière. Le tissu, écru ou je ne sais quoi, bref, le tissu dans des tons clairs était parsemé de traces de craies de couleur, de feutre ou bien de taches de nourriture. Le tapis, c’est ma femme qui l’a choisi. Je lui avais pourtant dit que si elle ne le lavait pas souvent, pour un enfant, il valait mieux ne pas prendre un tapis de couleur claire. Ma femme a posé un bol de riz devant moi. « D’abord, un peu après midi, j’ai reçu un message de la crèche. “Une des puéricultrices ayant vu un singe aujourd’hui juste à côté de la cour de la crèche, les jeux en extérieur ont été annulés et les parents sont invités à faire preuve de prudence quand ils viendront”. J’y croyais pas ! Pas trop rassurée, je suis allée chercher Su-chan. Je lui disais que finalement il n’y avait pas de singe quand, en rentrant à la maison, je l’ai vu dans le jardin des voisins ! » Comme la crèche est à dix minutes à pied de chez nous, c’était sans doute le même singe. Ma femme avait les joues en feu. Elle a disposé les plats sur la table. Toutes deux avaient déjà fini de manger. Il y avait environ la moitié d’un reste de salade de pommes de terre (avec du concombre et du thon) dans un grand saladier, du poulet grillé avec une sauce style teriyaki, des tomates coupées en quartier, un verre vide. « J’ai vraiment été surprise. — À cause du singe ? — J’ai envoyé un message sur LINE à une maman qui habite dans le quartier pour lui dire que ça craignait parce qu’il y avait un singe dans les parages. Et elle m’a répondu qu’elle aussi, elle l’avait vu il y a peu. On dirait que depuis quelque temps il se balade dans le coin. — D’où peut-il bien venir ? — De la colline. — De la colline ? Bon, je commence à manger. — Vas-y ! » L’assiette de poulet était brûlante mais la viande, quand je l’ai mâchée, était tiède. Sans doute parce qu’elle avait été réchauffée au micro-ondes. « Je n’ai pas bien vu sur la photo. — Oui, j’ai tremblé. Lui aussi, il a eu peur et s’est enfui…. C’était un petit. Un bébé singe. Pas plus grand que Shima-kuma-chan. » Shima-kuma-chan, c’est un petit ours en peluche avec sur le corps des rayures rouges et blanches – comme s’il portait un pull marin –, un cadeau de naissance de quelqu’un, auquel notre fille est très attachée, elle dort toujours avec et son corps à poil ras est couvert de traces de bave. Lui non plus, il n’a peut-être jamais été lavé depuis qu’on l’a reçu. « Oui, c’est sûr, il est petit. » J’ai mastiqué la salade de pommes de terre et une odeur s’est répandue dans ma bouche. Il y avait de l’oignon cru. Ce n’est pas que ma femme fasse mal la cuisine mais elle met parfois dans des plats tout à fait traditionnels des ingrédients qui me dépassent. Quand je lui dis que d’ordinaire on ne met pas d’oignon cru dans une salade de pommes de terre, elle prétend que non, qu’on fait toujours comme ça et qu’en plus c’est meilleur ainsi. C’est vrai que dans la salade servie chez ses parents il y en a et que c’est bon, mais si je lui demande si on en trouve au restaurant, dans les plats tout préparés ou dans les bentos, elle me répond n’importe quoi, que ce n’est pas fait maison. Au restaurant ou chez le traiteur, il y a pourtant bien quelqu’un qui les prépare ! En plus, ils sont conçus pour plaire à tout le monde. Il y avait des grains d’orge dans le riz blanc. C’était dur. Fibres végétales, régime… j’ai entendu ma femme qui ouvrait le réfrigérateur. Quand notre fille est occupée, ma femme ne permet pas qu’on mette la télé : elle dit que ça l’empêche de se concentrer. C’est comme ça aussi pendant les repas. Quand je mange et que ma fille regarde un livre pour enfant ou qu’elle s’amuse avec ses poupées, je n’ai pas le droit non plus. Et si je mange en regardant mon smartphone, ma femme dit ce que c’est mal élevé. C’est absurde mais il paraît que c’est comme ça chez tout le monde. Retenant sa respiration, puis expirant, ma fille faisait aller et venir ses craies de couleur, elle dessinait quelque chose. À priori, elle avait déjà pris son bain mais ses mains étaient pleines de taches. Noir, orange, beaucoup de rouge… Je la contemplais en me disant que l’association de ces couleurs était vraiment sinistre… Mais elle s’est tournée et m’a dit en braquant ses yeux sur moi : « Ne regarde pas ! — Mais non ! Bien sûr que non ! — Tant que ce n’est pas fini, tu ne regardes pas ! — D’accord, d’accord ! » Bien obligé, j’ai mâché en fixant mon assiette. Peut-être parce que ce n’était pas la saison, par endroits, les tomates n’avaient pas de couleur. Ma femme ne les épluche pas. Elle est revenue avec un petit tupperware et un mug pour elle qu’elle a posés sur la table et elle s’est assise en diagonale par rapport à moi. « Ce sont des nozawana[2] qu’on nous a offerts comme souvenir de voyage. C’est bon. Et puis, il en mangeait plein, des kakis des voisins. Des kakis et un singe, ça va bien ensemble. — Excuse-moi, mais mon thé d’orge ? — Oh, pardon, je te l’apporte tout de suite. » Nos voisins, c’est un couple de vieilles personnes qui habitent avec leur fils unique, probablement un peu plus âgé que moi. Un gars pas très bavard, ni très aimable. Depuis un moment, on ne le voit plus. Il est sans doute parti travailler seul quelque part, ou bien il a quitté la maison pour se marier ou quelque chose comme ça. Peut-être parce que ces deux vieilles personnes n’arrivent pas à s’en occuper, l’arbre de leur jardin reste couvert de ses kakis. Enfin non, ils doivent les cueillir avec un coupe-branches télescopique, car ils nous en donnent pas mal, mais du coup les branches en hauteur restent intactes et le haut de l’arbre devient tout rouge. On voit parfois des fruits se faire picorer par les corbeaux ou tomber des branches qui dépassent dans la rue et s’écraser par terre. Ils sont sans doute plus pourris que mûrs. « Tiens, voilà, a dit ma femme en posant le thermos de thé d’orge sur la table. — Merci maman, ai-je répondu. » Je m’en suis versé un verre. « Un singe, quand il en voit, il les mange. Comme dans l’histoire de la bataille du singe et du crabe[3]. — Au début, j’ai pensé “Tiens, des branches qui bougent…” » Du mug de ma femme s’exhalait une vapeur. « J’avais entendu dire qu’il y avait un singe, mais il était beaucoup plus petit que je ne l’imaginais. Et puis, on ne le voyait presque pas à cause de la couleur de son pelage. Mais vraiment, la façon dont les branches bougeaient était bizarre ; en plus ça faisait du bruit. Et quand j’ai regardé, tout d’un coup, je l’ai vu distinctement. Un peu comme quand tu trouves dans le jeu des sept erreurs. Et on s’est regardés les yeux dans les yeux. Surprise, j’ai pris une photo et à cet instant, il a sauté du côté du toit et a disparu. — Eh ben… heureusement, il n’est rien arrivé à Su-chan. Les animaux sauvages, il paraît que quand on les regarde dans les yeux, ils vous agressent. — Agresser ? C’était vraiment un petit. Un petit singe. C’était peut-être encore un bébé. — Ah bon… Il n’y a pas de thé glacé ? — Je ne le mets plus au réfrigérateur. Il fait déjà froid. Tu veux des glaçons ? — Oui, un ou deux. — Je t’apporte ça. » J’ai regardé la main nue de ma femme laisser tomber le glaçon opaque dans mon verre. Ses ongles étaient couverts d’un vernis multicolore. Kaki, bleu foncé, marron. Les couleurs, pas complètement mélangées, donnaient l’impression d’un camouflage. Ma femme aime se vernir les ongles. Prétextant que ça ne coûte pas cher, elle a acheté plein de vernis et elle dessine des motifs sur les ongles de ses mains et de ses pieds. Du doré sur du rouge, noir et aubergine, des marbrures d’ocre rouge et de sable… C’est parfois franchement surprenant. « Humm… — Après, une maman de la crèche m’a envoyé ça. » Ma femme a tendu vers moi l’écran de son smartphone. Quelque chose comme la photo d’une affichette. « Apparitions fréquentes de singes ! Récemment, le nombre de singes observés est en augmentation dans le secteur. Ne cherchez pas à les apprivoiser. Ne leur donnez pas à manger (y compris des ordures ménagères) ! Les singes ne s’installent jamais là où ils ne trouvent ni confort ni nourriture. Le mieux pour eux, c’est de retourner dans leur montagne ! Merci de votre coopération ! Ne les poursuivez en aucun cas ! N’essayez en aucun cas de les attraper ! C’est dangereux ! » « Alors, il ne faut pas qu’il y ait de kakis. C’est de la nourriture. — Ben oui. Personne ne leur donne à manger et puis, on peut faire attention pour les ordures ménagères. — Pour ce qui est des voisins, s’ils cueillent tous leurs kakis, il ne viendra plus par chez nous, le singe. — Qui c’est qui va s’en charger ? — Quelqu’un. Leur fils, il ne revient pas ? Quand il était chez eux, tous les ans, c’est lui qui s’en occupait. Il va bientôt y avoir un week-end de trois jours… — Quoi ? Leur fils ? » Ma femme est restée bouche bée. Son smartphone a sonné en émettant de la lumière. « C’est impossible. — Pourquoi ? — C’est pas si facile d’entrer et sortir de là où il est. — De là où il est ? — De l’établissement où est actuellement le fils des voisins. — L’établissement ? Quel établissement ? — Quoi ? » Ma femme cette fois a froncé les sourcils. « Il est dans un établissement à la campagne où vivent des gens comme lui, avec des personnes qui s’occupent d’eux. Je te l’avais dit. — Première nouvelle… » Je n’avais jamais entendu parler de ça. Ma femme faisait encore plus la tête. « C’est pas vrai ! Je te l’ai dit ! Les voisins, comme ils vieillissaient, ils se demandaient jusqu’à quand ils pourraient s’occuper de lui. Et justement il y a eu une place qui s’est libérée dans un établissement qui est bien, situé à la campagne. Alors, ça les a soulagés. C’est la voisine qui m’a raconté ça. Là-bas, il est au grand air ; parfois ils font des activités agricoles. C’est bien d’après elle parce qu’il aime s’occuper des plantes et que ça lui permet sans doute de se dépenser… Mais il leur manque un peu. Je pouvais difficilement lui dire : “Ah ben, tout est pour le mieux !” Finalement, c’est préférable pour eux comme pour lui… Je suis absolument sûre de te l’avoir raconté. — Quand ? — Ben, ça devait être l’an dernier. — Ah bon… » Je ne m’en souvenais vraiment pas. Enfin, un mari qui se souviendrait de tout ce que lui raconte sa femme, ça n’existe sans doute pas. Ça le rendrait fou. « En fait, qu’est-ce qu’il a comme maladie, leur fils ? — Hein ? » Ma femme a ouvert de grands yeux, affichant une expression de surprise. Elle a vraiment mille et un visages ! « Tu parles sérieusement ? — Quoi ? — J’ai fini ! » s’est écrié ma fille en allant vers ma femme. « Regarde ! — Oh, tu dessines bien. Un singe ! » Son visage a changé encore une fois complètement d’expression et elle s’est mise à sourire. Sur le verso d’une feuille de brouillon utilisée pour son travail, on voyait à travers les caractères d’imprimerie du rouge, de l’orange et du noir barbouillés avec des craies de couleurs. Le bout des petits doigts de ma fille était taché des mêmes couleurs. Après avoir observé un temps le dessin, ma femme l’a félicitée sans retenue en lui disant que c’était très bien, les couleurs, les formes, la composition, la façon de laisser certaines parties en blanc… Puis elle lui a dit : « Fais-le voir à papa ! » Ma fille a pris en minaudant le dessin contre elle et a répondu en me regardant de côté : « Hein ? Papa, tu as envie de le voir ? » Honnêtement, ça m’était un peu égal. Mais évidemment je lui ai répondu avec enthousiasme : « Bien sûr, je veux le voir ! S’il te plaît, montre-le-moi ! — Bon, d’accord… » Ma fille a tourné vers moi le recto du papier (le verso, en fait). Des ronds orange et rouges y étaient gribouillés entre lesquels on voyait plein de lignes noires. En gros au milieu de la feuille, il y avait des ronds bleu clair. « Ohhh, c’est un super dessin, ça ! — Les ronds orange et rouges, ce sont les kakis », a précisé ma femme. « Oui, oui, je vois. Et les lignes noires ? — C’est des branches. — Ah, les branches de l’arbre. Et les ronds bleu clair ? — C’est le singe. — C’est le singe ! C’est original. — C’est génial. Tu l’as vraiment bien dessiné », a déclaré ma femme comme si elle y croyait vraiment. Les kakis et les branches, d’accord, je comprenais. Les aplats de couleurs superposés regorgeaient d’une force primitive. C’était bien aussi d’avoir dessiné les branches non pas en marron mais en noir. Mais, ça, c’était un singe ? C’était juste des sortes de ronds, avec du blanc et du bleu clair en couches superposées. « Les yeux, c’est les yeux, les yeux. » Ma fille a montré les siens avec son doigt. Ils ressemblaient à ceux de ma femme, bridés et un peu en amande. « Les yeux ? — Les yeux du singe. — Les yeux du singe, ils sont comme ça ? — Oui, ils étaient pâles. — Bleu pâle. Ils étaient beaux. — Tout ronds. — Oui, ils étaient ronds. — Et grands. — Oui, très grands. Le visage était tout petit mais les yeux… Tu ne l’as vu qu’un instant mais tu as bien regardé et tu te souviens bien, Su-chan. Bravo ! » L’air triomphant, ma fille s’apprêtait à essuyer ses mains sales, pleines de rouge et de noir, sur son pyjama au tissu souple avec un motif de lapins. « Attention, maman. Le pyjama de Su-chan… elle a les mains sales. — Ah, c’est vrai. Viens, on va les laver. Avec de l’eau chaude. Viens au lavabo avec moi. — D’accord. » Je suis resté seul dans le séjour. J’ai hésité un peu à finir le reste de salade de pommes de terre. Finalement je l’ai laissé. Les nozawana étaient salés ; le poulet, sucré. J’ai empilé les assiettes vides et me suis levé. Les yeux du singe qu’on avait laissé sur la table, tout ronds, regardaient grand ouverts vers le plafond. À bien observer, sur le bleu clair, le blanc et le gris cendre (récemment, les craies de couleur offrent aussi des couleurs tertiaires) formaient des spirales qui se superposaient, laissant blanc le centre qui donnait une impression lumineuse. Pour son âge, c’était peut-être un dessin assez artistique. Qui était d’autant plus précieux qu’on n’y comprenait rien, entre abstraction et figuration, enfin, je ne sais pas trop. J’ai posé les assiettes du dîner en évitant ma boîte à bento qui était dans l’évier. Celles de ma femme et de ma fille, déjà lavées, étaient installées dans le séchoir en inox. Au fond du bol de ma fille, un smiley était imprimé. Par terre, il y avait un sac en plastique avec les kakis des voisins. Combien y en avait-il ? Dix, vingt ? Comme je n’aime pas les kakis et que ma fille n’en mange pas, on n’arrive pas à les finir. Il faudrait refuser les nouveaux tant qu’il en reste, mais je comprends que ce soit difficile. Ma femme est gentille. Quand je suis revenu à la table, son smartphone a sonné et sur l’écran qui s’est allumé, le dessin d’un animal qui s’esclaffait est apparu. Puis l’écran est redevenu sombre. J’entendais leurs rires dans la salle de bain.

[Fin de la première partie]

[1] LINE est une messagerie très en vogue au Japon.

[2] Les nozawana sont des légumes japonais dont les feuilles sont souvent consommées saumurées comme accompagnement du riz.

[3] La bataille du singe et du crabe est un célèbre conte traditionnel japonais. 


Note du traducteur : je tiens à saluer et remercier les étudiants de l’université Sophia et de l’université Keio avec lesquels j’ai travaillé sur la traduction d’une partie de cette nouvelle dans le cadre de leurs cours.


Oyamada Hiroko, Kozaru, 2021
Traduction Vincent Brancourt

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