Il était une fois… #1

contes populaires du Japon


En ce début d’année, Nouvelles du Japon fait un pas de côté et sort du genre de la nouvelle à proprement parler, ainsi que de la traduction au sens strict du terme, pour vous offrir une petite merveille : quelques contes japonais retranscrits par Miharu, qui vous explique ci-dessous pourquoi elle s’est lancée dans cette aventure. Cette introduction est une porte ouverte sur les quatre contes qui suivront : pas les plus célèbres, mais forts d’une originalité certaine qui fait se représenter sans difficulté les panneaux du kamishibaï qui les accompagnaient et dont Miharu vous donne un aperçu à travers ses illustrations.


Introduction

Bêtement, je l’avais oublié.

J’avais oublié que j’avais lu et entendu beaucoup de contes populaires dans mon enfance. J’avais oublié aussi qu’ils m’avaient été transmis par des adultes : mes parents, bien sûr, ma grand-mère maintenant décédée également, les enseignants des écoles, mais pas seulement.

Dans la zone rurale où je suis née, à 70 km environ de Tokyo, un cinquantenaire, sur un vélo, sillonnait la campagne entre rizières et champs pour dire des contes aux enfants. C’était dans les années 1960. Au village, arrivé au coin d’une rue, il faisait tinter une clochette pour annoncer que le kamishibaï allait commencer. « kami » signifie papier et « shibaï » théâtre. 

Tous les enfants se précipitaient en courant, une piécette dans la main. J’étais si jeune que le souvenir est un peu flou, mais je crois que le tarif équivalait à 30 centimes d’euro actuel.

En voyant les enfants arriver, l’homme se mettait à préparer son matériel : il garait son vélo, fixait sur le porte-bagages une boîte en bois ressemblant à une scène de théâtre miniature et y insérait une vingtaine de panneaux en carton où figuraient les dessins illustrant chaque scène du conte à venir.

Nous, les enfants, nous nous asseyions par terre, devant son vélo, et lui passions la petite monnaie. Nous ne connaissions même pas son nom et l’appelions « Tonton kamishibaï. »

Il commençait alors à raconter, sur un ton très vif, avec des mimiques expressives et des gestes drôles, en tirant les dessins un par un en fonction du déroulement de l’histoire. 

Dans la rue, résonnaient ainsi nos rires et nos applaudissements. Je me régalais. D’autant que j’étais fille unique à cette époque-là. C’était un moment magique où je pouvais parler avec les enfants des paysans.

Miharu, Kamishibaï, 2020

Je l’avais oublié.

Ou pensais l’avoir oublié, mais ces contes ont ressurgi dans ma mémoire avec les violences et le tumulte de ces dernières années. Sans doute était-ce la nostalgie d’une enfance qui s’éloigne de moi jour après jour mais qui fut heureuse et paisible. Aussi, et surtout, ce que j’ai retenu de ces récits populaires m’a guidée sans que je le sache. J’ai décidé alors de transmettre ces contes en français.

Après avoir relu, réécouté, m’être remémoré environ deux cents contes, et après avoir vérifié leurs variantes, j’en ai choisi douze.

D’abord « L’auberge des moineaux », « Père Floraison », « Bataille entre singe et crabe », « Mont Katchi-katchi » et « Momotarō » ont été sélectionnés rapidement : classés comme « les cinq plus grands contes du Japon » par les chercheurs, ils sont célèbres. Tous les Japonais, sans la moindre exception, les connaissent. Ce sont des valeurs sûres. « L’auberge des moineaux », par exemple, reste exactement le même que celui entendu de la bouche de ma grand-mère. « Bataille entre singe et crabe » et « Mont Katchi-katchi » ont connu, eux, une petite évolution, justifiant quelques commentaires. Ce dernier conte m’avait fait très peur quand j’étais petite, mais curieusement, c’est aussi l’un des plus marquants pour moi. 

J’ai choisi ensuite sept autres contes, en privilégiant ceux qui sont drôles plutôt que ceux qui, certes poétiques ou esthétiques, sont tristes ou mystérieux. Parmi eux, « Le royaume du jizô » est aussi célèbre que les cinq plus grands contes mentionnés ci-dessus. J’ai éliminé, en revanche, des contes trop religieux, trop chauvins, trop guerriers, trop mystiques ou trop allusifs pour qui ne connaît pas les codes implicites du Japon. Je souhaite que les adultes puissent les raconter, les dire aux enfants et que les enfants eux-mêmes puissent les lire ou les entendre avec plaisir. 

Comme ailleurs, ces contes, liés à leur vie, ont été transmis oralement aux enfants par les petites gens anonymes depuis des siècles et des siècles. Ils ont été racontés, chantés, retouchés, enrichis grâce aux conteurs, et ont connu des variantes régionales. Écoutant, chantant, applaudissant, riant, répétant, les enfants y ont participé également. Ils ont été ensuite recueillis, rédigés, publiés, grâce aux chercheurs, mais aussi aux passionnés.

Pour les traduire en français, j’ai apporté quelques retouches afin de préciser ce qui pourrait ne pas être compris par les lecteurs français, mais j’ai conservé les principales caractéristiques de ces contes. Aussi commencent-ils toujours par Mukashi mukashi, aru tokoro ni… « Il y a bien longtemps, quelque part, il est arrivé… » équivalent de « Il était une fois… » en français, et s’achèvent-ils par une expression amusante, qui varie selon les patois et qui signifie « fin d’histoire ».

Ils privilégient, d’autre part, le langage parlé qui évolue sur le modèle d’un « scénario modulable » plutôt que sur celui d’un texte littéraire certes sublime mais figé. Il s’agit de transmettre leurs messages aux plus larges couches d’enfants, grâce au théâtre offert par les anciens aux nouvelles générations. Les conteurs peuvent ainsi jouer et interpréter les chants, les onomatopées, voire les cris, comme des acteurs.

Enfin, ils reflètent surtout la vie des paysans ou des bûcherons pauvres ainsi que le monde des bonzes et des petits temples de campagne. Non seulement la nature (arbres et rochers), les animaux mais aussi les outils de travail, l’alimentation, et bien d’autres choses y jouent des rôles importants.

Je ne peux évidemment pas assurer que les contes empêchent toute la folie des êtres humains, mais je peux dire au moins que nous, les enfants du « Tonton kamishibaï » de mon petit village, avons reçu par ces histoires plein d’amour, malgré la pauvreté de l’époque.

Je ne saurai jamais le vrai nom de « Tonton kamishibaï », ni celui du dessinateur des panneaux de carton, mais pour l’avenir de tous les enfants du pays qui m’a accueillie et que j’aime, je les prolonge, à ma manière.

Miharu


Belle dame en portrait

Il était une fois…

un jeune homme appelé Hiko qui vivait dans le célibat.

Il n’avait pas un cerveau brillant, mais c’était quelqu’un de bien et un bon travailleur.

Un jour, au crépuscule, alors qu’il était en train de labourer sa rizière, une belle femme apparut au loin. Joliment coiffée d’un chapeau de paille, une canne de bambou à la main[1], elle vint vers Hiko et lui adressa la parole :

« Pardon Monsieur, pardon Monsieur, je suis en voyage. Pourriez-vous m’héberger juste une nuit ? Je vous en prie. »

« C’est facile de vous héberger, mais je suis pauvre. Je n’ai rien pour vous faire à manger, répondit Hiko. Si ça vous convient quand même, pas de problème. Ma maison est là-bas, la petite maison isolée. Allez-y, sans m’attendre. »

Peu après, Hiko rentra chez lui.

Une surprise l’attendait. L’intérieur de la maison était parfaitement nettoyé et, de plus, la belle voyageuse avait fait la cuisine. Le dîner était prêt.

« Monsieur, Monsieur, allez vous laver les pieds puis venez prendre votre repas », dit-elle.

Tout content, Hiko mangea, puis se coucha.

Le lendemain également, et le surlendemain aussi, la dame fit le ménage. Vive et efficace, elle nettoyait la maison, faisait la lessive, préparait la cuisine, pim, pam, poum !

La maison devint ainsi toute propre, brillante même de partout et Hiko savourait des plats délicieux auxquels il n’avait jamais goûté auparavant.

Vraiment content, il commença à espérer que la voyageuse resterait chez lui.

Sept jours plus tard, la belle dame lui annonça, d’un ton cérémonieux, qu’elle avait quelque chose à lui demander.

« Monsieur Hiko, Monsieur Hiko, ne pourriez-vous pas m’épouser ? En fait, je m’appelle Hana, benjamine de la famille Kōnoïke d’Ōsaka. J’ai rencontré plusieurs hommes, mais tous mentaient comme arracheurs de dents et, ainsi, je n’ai jamais eu envie de me marier. Mais un jour j’ai fait un rêve. Dans ce rêve, un dieu m’a conseillé d’épouser Hiko qui vit dans tel village du Michinoku[2]. C’est pour cela que je suis partie en voyage et me voici, venue d’une ville lointaine. »

Bien évidemment, Hiko, qui admirait et chérissait Hana, belle comme une fleur et travailleuse de surcroît, accepta avec grande joie. Et ils se marièrent.

Alors, Hana commença à tisser à la maison, tandis que Hiko continuait à travailler dans sa rizière et dans ses champs.

Seulement voilà, Hiko était si amoureux de Hana qu’il avait envie de la voir tout le temps. Il se mit à retourner chez lui, pour admirer sa belle épouse, chaque fois qu’il avait terminé un sillon. Des herbes commencèrent à pousser dans sa rizière et dans ses champs.

Hana réfléchit, puis peignit son portrait sur du papier en se regardant dans l’eau comme dans un miroir.

« Mon bien aimé, pense que je suis là, dans ce portrait. Ainsi tu pourras travailler à la rizière avec moi », dit-elle.

Hiko fendit le bout d’un bâton en bambou, y pinça le portrait et recommença à travailler, le transportant de ci de là. 

Quand il labourait cette rizière-ci, il plantait le bâton au bord de cette rizière-ci, quand il labourait cette rizière-là, il le plantait au bord de cette rizière-là, ainsi, finalement, il fit du bon travail tout en regardant le portrait de sa belle épouse.

Mais un jour, un coup de vent souffla soudain.

Le portrait en papier fut soulevé dans un tourbillon et s’envola très haut. Affolé, Hiko jeta sa houe, courut, courut, courut pour le rattraper. En vain. Le portrait disparut.

« Ah, tant pis ! Ma vraie femme est bien là, à la maison, il suffit de rentrer. Je vais lui demander de peindre son portrait encore une fois », se dit Hiko.

Il rentra et expliqua ce qui s’était passé à Hana. Elle fronça les sourcils.

« Mon ami, voilà qui est embêtant… Si le portrait tombe chez quelqu’un et qu’il me trouve et veut m’enlever… ? »

Hiko aussi fut soudain inquiet.

« Non, non, quand même pas, ça ira », sourit Hana.

Mais après avoir plané dans le ciel comme un cerf-volant, le portrait emporté par le tourbillon tomba sur le jardin d’un château, loin du village. Et le seigneur, le maître de ce château, eut le coup de foudre pour la belle dame qui y était représentée. Elle était si belle, d’une beauté si rare !

Alors, il appela ses vassaux et leur donna cet ordre :

« Amenez tout de suite à mon château la femme de ce portrait ! »

Les vassaux partirent à la ronde et la cherchèrent dans tous les villages alentour.

Sept jours plus tard, ils la trouvèrent chez Hiko et essayèrent aussitôt de l’emmener. Hana, tout en rectifiant sa tenue, se tint rigoureusement assise et se permit de répliquer :

« Même un seigneur n’a pas le droit d’enlever la femme d’un d’innocent ! Mon mari n’a rien fait. Si oui, dites-moi ses fautes ! »

Déstabilisés par son air furieux, les vassaux reculèrent et retournèrent au château pour expliquer la situation au seigneur.

« Bon, dans ce cas-là, il faut donner à Hiko une tâche qu’il ne parviendra pas à exécuter », dit le seigneur. Il rassembla les vassaux pour trouver la tâche qui dépasserait les capacités de Hiko puis les envoya à nouveau chez ce dernier.

« Hiko, nous avons un travail pour toi. Si tu n’arrives pas à le faire, nous enlèverons ta femme. Voici le travail : Apporte au château mille hiros[3] de corde faite de cendre ! », ordonna un des vassaux.

Ennuyé, embarrassé même, Hiko se tenait la tête dans les mains, sans savoir que faire. Mais Hana, elle, était tout à fait détendue.

« Hiko, c’est facile. D’abord tu fabriques mille hiros de corde en tressant bien serré, puis tu l’enroules tout aussi serré. Une fois que c’est prêt, tu brûles le tout et tu verses de l’eau dessus. La corde de cendre sera faite », expliqua Hana.

Hiko fit ce qu’elle avait dit et emporta la corde au château.

« Hum…, c’est très bien fait », admit le seigneur. Il donna un cadeau à Hiko.

Mais il voulait à tout prix la belle femme dont il avait vu le portrait et, quatre ou cinq jours plus tard, envoya à nouveau un vassal. Cette fois-ci, le vassal déposa chez Hiko un gros tronçon de bois dont le diamètre était le même de haut en bas.

« Maintenant, tu devras répondre devant le seigneur à la question suivante : Quel côté de ce tronçon était en haut de l’arbre, et quel côté était en bas ? », annonça-t-il.

Se tenant la tête dans les mains, Hiko s’affola une fois encore.

« C’est simple, ça aussi, sourit Hana. Mets ce tronçon dans l’eau. Le côté qui plonge est le bas de l’arbre, puisque le pied d’arbre est toujours plus lourd. »

Hiko fit ce qu’elle avait dit et le seigneur, une fois de plus, fut obligé de reconnaître la victoire du jeune homme.

« Bien…, offrez-lui quelque chose », dit le seigneur.

Mais il voulait toujours, toujours, la belle femme et envoya encore un vassal.

« Cette fois-ci, apporte deux choses au château : un tambour chantant qui joue tout seul, et un air livide couvert de manches », ordonna le vassal.

Alors là, totalement désespéré, Hiko se coucha en se cachant la tête sous sa couverture.

Mais Hana le secoua.

« Mon ami, ce n’est pas si difficile que cela. Va sur le Mont Shiba et cherche une énorme ruche. Dès que tu en trouves une, colle ce papier sur la ruche et enveloppe-la », dit-elle.

Hiko entra dans la montagne, trouva une ruche, colla le papier dessus et l’apporta à la maison.

Alors Hana expliqua :

« Tu vois, les frelons enfermés à l’intérieur bourdonnent en heurtant le papier, cela fait un tambour chantant qui joue tout seul, et elle continua : si le seigneur te dit que tu n’as pas apporté un air pâle couvert de manches, alors, décolle le papier. »

Ainsi, Hiko déposa la ruche devant le seigneur et, de fait, les frelons bourdonnèrent, bourdonnèrent, pour sortir à tout prix, en cognant le papier.

« Voici ce qu’on appelle le tambour chantant qui joue tout seul », dit Hiko.

« Hum…, et un air livide couvert de manches, alors ? », demanda le seigneur.

Hiko réagit :

« C’est… ça ! Hop là ! »

Il décolla le papier.

Alors, les frelons furieux sortirent en un violent essaim, montèrent à l’assaut des vassaux, du seigneur aussi, et piquèrent tout le monde. Aussitôt, tous se mirent à courir ça et là pour échapper à l’attaque, en criant « Hyaaa ! Hyuuu ! », couvrant leur visage avec les manches de leur kimono.

« Voici l’air livide couvert de manches », dit Hiko, et il se retira rapidement.

Le seigneur, lui, piqué partout par les frelons, perdit patience.

« Hiko nous a joué un mauvais tour ! Amenez sa femme n’importe comment, à tout prix ! »,ordonna-t-il à ses vassaux, le visage boursouflé de piqûres.

Hana fut enlevée de force.

Mais celle-ci, qui avait prévu la réaction du seigneur, laissa un mot à Hiko, au moment où elle fut emmenée par les vassaux.

« Mon ami, mon ami, quand l’automne arrivera, viens vendre des marrons. »

Hana commença à vivre dans le château, mais elle ne souriait jamais.

Le seigneur avait beau essayer de l’amadouer, elle gardait le visage fermé. Une colère blanche l’habitait, comme si elle portait un masque froid.

À bout de ressources, le seigneur annonça :

« Celui qui réussira à faire sourire ma princesse sera récompensé. »

Un avis au public fut affiché partout dans les villages alentour.

Motivés par la récompense, les vassaux, mais aussi les villageois, inventèrent toutes sortes de drôleries pour Hana. En vain. Celle-ci ne souriait pas davantage.

L’automne arriva et les marronniers portèrent leurs fruits.

Hiko, qui attendait ce moment avec impatience, remplit deux énormes paniers de marrons et alla devant le portail du château.

« Je voudrais offrir des marrons à la princesse. Ne pourriez-vous pas les lui remettre ? Je vous en prie… », demanda Hiko au portier. Mais le portier ferma le portail sur son nez.

Triste, Hiko pensa à faire entendre sa voix, ne serait-ce que sa voix, à Hana.

Et il cria, à pleine poitrine :

« Marrons, marrons, marrons,
Les marrons de ma montagne !
Les marrons du Mont Shiba, Shiba marrons ! »

Miharu, Belle dame en portrait, 2015

Alors, Hana qui était assise comme une poupée, sans bouger, sans parler, sourit soudain. D’un vrai grand sourire.

« Oh, oh, oh ! Elle a souri ! Elle a souri ! », cria le seigneur.

Tout content, il fit entrer le vendeur de marrons dans le jardin et lui demanda de continuer sa ritournelle.

Alors, Hana courut vers le jardin et, parvenue au bout du couloir, elle sourit, sourit, sourit comme si une belle fleur s’épanouissait d’un coup.

Le seigneur crut que la tenue du vendeur plaisait à Hana.

« Hé ! Marchand de marrons ! Si c’est aussi drôle, j’ai envie de porter ton costume, moi aussi. Fais-moi essayer », dit le seigneur. Il enfila ainsi le kimono usé de Hiko, porta la perche avec les deux paniers sur ses épaules et fit un tour de jardin en chantant :

« Marrons, marrons, marrons ! »

Alors Hana se tordit de rire, tapant les mains, se tenant les côtes.

Trop content, le seigneur s’enflamma, au point qu’il franchit le portail en chantant toujours.

Aussitôt, Hana ordonna aux vassaux :

« Ce vendeur de marrons est un homme violent ! Fermez le portail tout de suite et ne vous occupez plus de lui ! »

Le portier ferma avec force le portail du château.

« C’est moi ! C’est moi votre maître ! », cria le seigneur, mais trop tard. Comme il s’était habillé en pauvre vendeur de marrons, personne ne le crut.

Hiko, lui, s’habilla en seigneur, s’assit sur le coussin du maître, en plaçant sa princesse Hana à côté de lui. Il n’avait plus besoin, désormais, de lui demander de peindre à nouveau son portrait.

Il devint alors un bon seigneur et le couple vécut heureux.

Ichigosaketa


[À suivre…]


[1] Chapeau de paille et canne de bambou indiquent qu’il s’agit d’une femme en voyage.

[2] « Hana » veut dire « fleur ». « Kōnoïke » était le nom du plus grand commerçant d’Ōsaka à l’époque d’Edo. « Michinoku » est l’ancien nom de la région du Tōhoku, au nord du Japon.

[3] Ancienne unité de longueur qui équivaut à peu près à 1 m 50.


Miharu, Douze contes japonais, 2020

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