Estampe japonaise

Contes de guerre

15 août 1945 Le Japon avait perdu la guerre, on n’était plus obligé de fuir dans tous les sens sous les attaques des bombardiers lourds ou des chasseurs envolés des porte-avions. Depuis les alentours du vingt de ce mois-là, le black-out était de moins en moins appliqué et, la nuit tombée, la ville s’agrémentait désormais de lumières douces qu’on n’avait pas vues depuis une éternité.
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Bonne nuit. Fais de beaux rêves.

Si on me demandait de citer un point positif depuis la crise, je dirais qu’il est devenu plus facile de trouver un taxi. Ceux qui n’ont pas idée des difficultés rencontrées par une femme amenée, dans le cadre de son travail, à héler un taxi tard le soir n’apprécient peut-être pas bien à quel point cela relève de la providence.
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NEET

J’étais d’une humeur massacrante, à cause de ma carie du bas, au fond à droite, sans compter le mouron que tu me causais. J'allais et venais devant le miroir pour voir si ma joue n’était pas trop enflée et je n’arrêtais pas de penser à toi. Que tu n’arriverais jamais à rien et qu’il ne fallait pas compter sur toi pour quoi que ce soit, je le savais, ça oui, mais j’ignorais que tu étais dans la gêne à ce point.
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L’habitant du miroir

À chaque retour de la saison, dans le cœur de Matsubara, quelque chose immanquablement se produisait qui ressemble au passage d’une averse. On aurait dit, aux approches de l’hiver, une de ces brèves ondées tristes qui, soudain, se transforment en cataracte ininterrompue, teignant tout aux couleurs de la mélancolie.
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Goodbye cruel world

Les parents étant sortis chacun de leur côté en fin d’après-midi, nous avons décidé de mettre notre plan à exécution avant que la nuit ne soit trop avancée. J’ai fait entrer @downpour, rencontré juste une heure plus tôt, et on a commencé à farfouiller dans la cuisine pour y chercher quelque chose à se mettre sous la dent en ouvrant tous les placards, on a fait main basse sur du poulet sous vide pour micro-ondes pour calmer notre faim...
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Sur la jetée

Chaque matin, ma toilette soigneusement faite, j’allais, je ne sais trop pourquoi, pêcher sur la jetée. Je m’adonnais à la pêche au point de ne plus penser à rien d’autre. Nous n’étions pas encore en pleine guerre du Pacifique, ni proches de sa fin. Elle venait seulement de commencer.
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Une histoire de boîtes

Cela faisait déjà longtemps qu’on manquait de boîtes. À tel point que s’ils se contentaient d’attendre les distributions officielles, les foyers se retrouvaient dans des situations compliquées. Faute de boîtes pour ranger jouets et vêtements, c’était le bazar dans les logements.
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La Petite Wang

À 5 heures de l’après-midi, la rencontre entre les candidats au mariage commença dans la salle à manger de l’auberge. L’endroit avait beau être vaste, il n’était éclairé que par quelques petites ampoules jetant de-ci de-là une lumière pâle et sans vie ; en plus de la pénombre, il fallait faire avec la présence de toutes ces femmes, quinze pour six Japonais, rien d’étonnant à ce qu’on se sente oppressé.
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Maggie tue-les-chats

I. Mon nom est Maggie tue-les-chats. Mais je ne tue pas de chats. Je sais pas pourquoi on m'appelle comme ça. Les noms sont souvent donnés sans raison particulière, alors ça ne me dérange pas.
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Lilas des Indes

Des plantes occidentales exotiques y germaient parfois, charriées par les déjections d’oiseaux, mais c’était avant tout un jardin japonais. Faute d’entretien, palmiers, camphriers, oliviers odorants et rhododendrons, camélias d’automne, magnolias à grandes fleurs, pins des bouddhistes, cleyères du Japon et broussailles, mais aussi cèdres du Japon poussaient à foison, dans l’anarchie la plus totale.