Le sabre de bambou #1

Depuis que l'homme et ses enfants étaient apparus au coin de la place où l'on faisait parader les chevaux, le jeune garde posté à la porte en bois ne les avait pas quittés des yeux, vaguement intrigué. Pour être plus exact, sans doute aurait-il fallu parler d'une famille au grand complet. Un samouraï d'apparence miteuse marchait en compagnie d'une femme et de deux enfants, qui semblaient se cramponner à lui.
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Sakurajima #10

Le soir venu, les recueils de codes avaient entièrement brûlé. Nous écrasâmes les cendres, vérifiâmes qu’il n’y avait pas de braises, puis rentrâmes.
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Sakurajima #9

Une allocution de l’Empereur allant être retransmise à la radio, ce matin avait été donné l’ordre à tous ceux qui n’étaient pas de service de l’écouter. Ayant eu sous les yeux la plupart des télégrammes concernant notre unité, j’étais bien informé de la situation militaire, mais depuis ma venue à Sakurajima, je n’avais ni lu de journaux ni écouté la radio, et j’étais par conséquent coupé du monde extérieur.
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Sakurajima #8

Je descendis la colline pour faire ma lessive sous la citerne du port. Il n’y avait pas de nuages et il faisait chaud, mais le vent soufflait sans interruption en provenance du sud-est. Je me dis que mes vêtements allaient sans doute sécher rapidement.
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Sakurajima #7

Lorsque je sortis, mon service de l’après-midi terminé, les nuages embrasés par le soleil couchant étaient clairs dans le ciel. Parmi les soldats venus pour la relève et qui disaient qu’il y avait eu une distribution de bière aujourd’hui, certains avaient les paupières rouges.
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Sakurajima #6

Mon quart du matin terminé, à midi, je retournai aux quartiers d’habitation. Durant ma garde, j’avais été réprimandé par l’officier de service, le chef cryptographe Tanagokoro. La transmission d’un message avait tardé. C’était, en plus, un télégramme que nous avions intercepté.
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Sakurajima #5

Sans aucun doute, j’étais irrité. C’était aussi à cause du manque de sommeil prolongé. Cependant, ce n’était pas seulement cela. En un mot, j’étais incapable d’accepter mon sort.
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Sakurajima #4

La dysenterie faisait rage. Ce jour-là, un soldat cryptographe qui avait cueilli et mangé des poires sauvages, avait été envoyé à l’hôpital de Kirishima avec des soupçons de la maladie. Manger des poires était strictement interdit par les médecins militaires. Après l’avoir laissé à l’infirmerie, j’étais retourné aux quartiers d’habitation pour y prendre mon repas du soir.
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Sakurajima #3

Ainsi commença ma vie à Sakurajima. La journée était divisée en deux périodes de service, et la nuit en trois. De six heures du soir jusqu’à l’heure de l'inspection, il y avait une période qui ne faisait partie ni des quarts de jour ni de ceux de nuit.
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Sakurajima #2

À midi le jour suivant, j’arrivai à Taniyama sous une pluie fine. L’intérieur de l’abri suintait d’humidité et l’air était vicié. La salle de cryptage était tout au fond. J’ôtai ma lourde casquette militaire gorgée d’eau et j’entrai en me courbant pour ne pas me cogner aux poutres. À cause de la forte chaleur de la pièce, j’avais beau essuyer sans cesse mes lunettes, elles se recouvraient continuellement de buée.